(1) " Etablissement de réserve générale du matériel"

(2) Le don se transforma en vente au prix de la ferraille. Mais devant la somme astronomique que le comité aurait dû débourser, le montant fut revu à la baisse.

(3) Le transfert du" Romilly" dans la caserne relança en 1959 la réflexion sur le site définitif. Une consultation populaire fut même lancée qui aboutit au choix de la place de la gare (en face de l'ancien hôtel Terminus). Le projet avorta une fois de plus.

(4) Elle aurait, depuis, été dissoute

(5) On avait juste oublié d'inviter les trois survivants de l'équipage !

(6) Autres constatations : le char serait revenu à Romilly sans son moteur. En août 1984, lors des commémorations du 40e anniversaire de la libération de Paris, Pierre Coatpehen (tireur puis pilote) fut invité à monter dans son char restauré. Il ne le reconnut pas. Il ne retrouva pas à l'intérieur de la tourelle les noms de l'équipage qu'il avait gravés. En outre, il constata que le moteur diesel avait été remplacé par un moteur fonctionnant à l'essence.

LE CHAR "ROMILLY"

HÔTE DE MARQUE DE LA BASE AÉRIENNE DURANT 32 ANS

Le char "Romilly" est exposé à proximité du monument aux morts (à droite sur la photo)

Pourquoi un sujet sur le char "Romilly" dans un site web consacré à l'histoire de l'aviation ? Tout simplement parce que ce char fait partie intégrante de l'histoire de la base aérienne de Romilly-sur-Seine dans laquelle il séjourna trente-deux ans. Cela mérite un petit retour en arrière.

L'initiative de l'arrivée de ce char historique dans la "cité des chaussettes" en revint à M. Pierre Boudios, ancien industriel, ancien de la 1ère Armée et officier de réserve. Ayant découvert le char stocké à l'ERGM 1 de Gien, M. Boudios ne ménagea alors pas sa peine pour obtenir son transfert dans la ville dont il porte le nom. En 1952, afin de faciliter la transaction, le comité "Char Romilly" fut créé réunissant une trentaine de personnalités ainsi que la totalité des associations patriotiques locales. Une fois acquis et installé comme monument, le char devait devenir propriété de la ville. Après bien des démarches, l'Etat accepta de faire don 2 du char puis autorisa sa cession le 28 mai 1952. Profitant d'un retour à vide vers Mailly-le-Camp d'un véhicule porte-char, M. Boudios obtint l'accord des autorités militaires pour transporter, à titre gracieux, le char jusqu'à Romilly-sur-Seine. Ce fut chose faite le 14 octobre suivant. Malheureusement, cette arrivée quelque peu précipitée n'avait pas permis de réfléchir et encore moins d'aménager l'emplacement chargé de l'accueillir. A titre provisoire, le "Romilly" fut stocké dans le hangar demi-tonneau de l'aérodrome qui abritait déjà l'avion de liaison de la base aérienne. Deux jours plus tard, le comité prit la décision de l'installer définitivement sur un terrain situé à l'angle des rues Gambetta et Mérenda (aujourd'hui rebaptisée "avenue de la Liberté"), décision validée par le conseil municipal du lendemain 17 octobre.

On aurait pu penser que l'affaire était bien engagée et que les Romillons allaient pouvoir admirer le Sherman libérateur de Paris dans un délai raisonnable. Eh bien non, à Romilly-sur-Seine rien ne se déroule jamais normalement ! Sept ans plus tard, en 1959, lors de la démolition du hangar menaçant ruine, le char y dormait toujours. Sorti de son ancien abri de fortune, il fut abandonné à proximité (non loin de la manche à air) dans l'attente d'être fixé sur son sort. Il séjourna ainsi sur l'aérodrome pour une durée qui n'est pas précisément connue (plus d'un an). Devant l'inertie des élus, décision fut alors prise, toujours à titre provisoire, de le transférer et de l'exposer dans l'enceinte de la caserne "Marcel et René Doumer" en bordure de la RN 19 3 .

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Article paru dans "L'Est-Éclair" du 19 novembre 1959 et écrit par le journaliste Henri Delsey. Son titre, "Le dernier service...", faisait allusion à l'aide apportée par le char dans la démolition du hangar, qui l'avait abrité, en servant de point d'amarrage aux câbles retenant la carcasse métallique prête à tomber.

 

Après la démolition du hangar, et dans l'attente d'être fixé sur son sort, le "Romilly" fut abandonné sur l'aérodrome en faisant le bonheur des enfants du quartier. À remarquer l'écoutille de la tourelle grande ouverte. Il fut ensuite transféré à l'intérieur de la caserne de la base aérienne à une date non connue avec précision.

Le "provisoire" allait cette fois-ci durer près de vingt-cinq ans ! Le char y serait peut-être toujours si, au début des années 1980, plusieurs événements allaient précipiter les choses. La décision de l'Armée de l'air de regrouper sur le site de Prunay-Belleville tous les services et unités encore présents à Romilly allaient entraîner à terme la fermeture de la caserne. En 1981, le commandant de la BA 914, le colonel Richard, s'inquiéta du devenir du char et alerta la municipalité. Informé également du problème, le musée des blindés de Saumur se mit sur les rangs pour le récupérer. Mais la municipalité de l'époque réaffirma son désir de le conserver et de le mettre (enfin) en valeur. Deux années passèrent sans que rien ne bouge. En 1983, une association 4 de collectionneurs d'anciens engins militaires située en région parisienne contacta la municipalité. Elle souhaitait le prêt du "Romilly" afin que celui-ci défile lors des commémorations du quarantième anniversaire de la libération de Paris en août 1984. En contrepartie, elle s'engageait à le restaurer. La municipalité accepta et une convention entre les deux parties fut signée le 5 octobre 1983 stipulant le retour du char à Romilly "dès le mois d'octobre 1984". Le 17 janvier 1984, le char quittait la base aérienne et Romilly. Pressés par son prochain retour, les élus trouvèrent enfin l'emplacement idéal pour l'accueillir : le square situé à proximité immédiate du monuments aux morts. Et c'est ainsi que le 10 mai 1985, le "Romilly" fut réceptionné en grandes pompes 5 et déposé sur son socle où il se trouve toujours. Après trente-trois ans de tergiversations, la boucle était enfin bouclée, la ville de Romilly-sur-Seine honorait enfin son "Romilly" et l'histoire se terminait bien. Sauf que ...

Sauf que des doutes sur l'authenticité du char se firent rapidement jour, doutes repris dans les colonnes des journaux locaux dès 1989. Cinq ans plus tard, dans son édition du 23 septembre 1994, "L'Est-Eclair" lançait un véritable pavé dans la mare en titrant sur cinq colonnes : "Où se trouve le véritable char Romilly ?... Celui qui a été restitué en 1985 ne serait qu'un pot de fleurs ! ...". Et le journaliste de détailler les différences relevées en comparant deux photos, l'une prise avant son départ de Romilly et l'autre prise après son retour. La comparaison avait de quoi jeter le trouble 6 . La municipalité ayant changé de bord politique en 1989, le nouveau maire se sentit obliger de réagir en lançant une enquête qui n'aboutit à rien. Le dossier fut refermé aussi vite qu'il venait d'être ouvert et l'affaire vite oubliée. Alors, est-ce le vrai "Romilly" ? A chacun de se forger sa propre opinion.

En 1987, une plaque retraçant en quelques lignes son épopée parisienne fut apposée au pied du char. Il manquait juste une précision mais ô combien importante : les noms des cinq membres de l'équipage dont leur chef, l'adjudant Henri Caron, tué au combat le lendemain de l'entrée triomphale du "Romilly" dans Paris libéré. Pourtant toute épopée militaire est avant tout une aventure humaine, ce sont des hommes tels que ceux qui se trouvaient dans le "Romilly" qui la fabriquent. Alors pourquoi cet "oubli" qui n'est, à ce jour, toujours pas réparé ?

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Romilly-Aviation.fr   vous propose de découvrir l'épopée de ce char historique :

- L'adjudant Henri Caron, chef du char, trouve la mort dans les combats de la libération de Paris.    CLIC

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