(1) Base de données climatologiques de Météo-France (BDCLIM) (2) Compagnies spécialisées dans les gaz de combats (3) Organe central dépendant du ministère de la Guerre et ayant sous sa coupe les postes météorologiques militaires situés en zone de l'Intérieur (4) Rattaché en 1920 au sous-secrétariat d'Etat de l'Aéronautique et des Transports aériens (5) Bulletin de la Navigation aérienne (BNAé) n°18 (septembre 1921) (6) BNAé n°12 (mars 1921) (7) Archives Départementales de l'Aube - 1576 W 326. DDE (Service des bases aériennes), dossier de construction de la station météo-radio de Romilly-sur-Seine. (8) Les ballons-sondes étaient à cette époque gonflés à l'hydrogène, gaz bon marché mais hautement inflammable. Il ne sera remplacé par l'hélium, gaz pratiquement inerte, que bien plus tard. (9) Témoignages de MM. Brajon (mars 2002) et Flé (décembre 2004) anciens enseignants ayant effectué leur service militaire à la station météo de Romilly. (10) On lachait un ballon gonflé à l'hydrogène que l'on suivait grâce à un théodolite. (11) BNAé n°17 (août 1921) et 21 (décembre 1921) (12) BNAé n°42 (septembre 1923) (13) BNAé n°33 (décembre 1922) (14) BNAé n°90 (septembre 1927) (15) Témoignage, recueilli en mars 2002, de M. Brajon, météo militaire à la station de Romilly de 1939 à 1940. |
LA STATION MÉTÉOROLOGIQUE C'est après la catastrophe maritime de 1854 en mer Noire durant la guerre de Crimée (41 navires coulés au mouillage lors d'une tempête), qu'Urbain Le Verrier (1811-1877), directeur de l'Observatoire de Paris, convainc en 1855 l'empereur Napoléon III de mettre en place un vaste réseau de postes météorologiques communicant par le télégraphe. Le premier organisme météorologique national, encore au stade embryonnaire, vient de naître sous le nom de service météorologique de l'Observatoire de Paris. Il est remplacé en 1878 par le Bureau central météorologique (BCM) dont les moyens resteront limités tout au long de son existence. Entretemps, en 1873, naissaît l'OMI (Organisation météorologique internationale). Dans le département de l'Aube, les deux arrêtés préfectoraux des 9 et 24 avril 1879 organisent la Commission météorologique départementale. C'est ainsi qu'à Romilly-sur-Seine, les premiers relevés effectués par des bénévoles au lieu dit "Le bourg" (l'actuel centre-ville) apparaissent dès 18811 . Mais c'est la guerre de 1914-1918 qui va véritablement lancer la météorologie moderne, les besoins des armées en renseignements météos allant crescendo tout au long de ce conflit mondial. Trois services météorologiques aux armées sont ainsi créés à partir de 1915-1916 (artillerie, aéronautique, compagnies Z2). A la fin de la guerre, ils sont réunis avec le Bureau météorologique militaire3 pour donner naissance au service météorologique militaire. La paix revenue, il apparaît évident qu'un besoin de rationalisation des divers services météos civils et militaires est nécessaire dans l'optique du développement important de la navigation aérienne qui s'annonçe. Le 25 novembre 1920, est créé l'Office national météorologique (ONM) par fusion du BCM avec les deux services centraux militaires (ministères de la Guerre et de la Marine) et le tout récent service météo du service de la Navigation aérienne (SNAé)4. L'ONM est rattaché au sous-secrétariat d'Etat de l'Aéronautique et des Transports aériens. En 1921, l'ONM absorbe le service météorologique militaire regroupant ainsi l'ensemble des moyens météorologiques de l'Hexagone. Cette administration est enfin dotée de moyens financiers et humains importants permettant de remplir ses différentes missions. Création de la station météo-radio de Romilly
Dès 1919, grâce aux progrès réalisés au cours de la guerre, les premières lignes aériennes commerciales sont lancées avec pour corollaire les premières réglementations et la première administration chargée de superviser l'ensemble. Ainsi, la même année, naît le service de la Navigation aérienne (SNAé) qui s'attelle aussitôt à aménager les aérodromes s'échelonnant le long des futures lignes aériennes, la fiabilité toute relative des avions de cette époque nécessitant l'installation de terrains de secours en cas de problèmes. C'est dans ce cadre que Romilly, disposant d'un aérodrome militaire, est retenu comme terrain de secours sur la ligne Paris-Dijon-Lyon-Marseille et Paris-Dijon-Lausanne et/ou Genève. Une station radio (TSF) ouvre le 25 août 19215 précédée de quelques mois par un poste météorologique de l'ONM. S'il n'a pas été possible de retrouver la date précise d'ouverture de ce dernier (peut-être dès 1920), sa présence à Romilly est confirmée dès le 1er mars 19216 . Les deux postes sont installés provisoirement dans un baraquement Adrian situé en bordure ouest de l'aérodrome et commandés respectivement par MM. Barrau (météo) et Salaün (radio). Rapidement, l'ONM et le SNAé décident la construction d'un pavillon en dur où seront hébergés sous le même toit les deux postes. C'est le 11 décembre 1923 qu'est approuvé le marché de construction conclu de gré à gré avec la Société française d'entreprises et de constructions industrielles7 dont le siège est à Paris. Pour l'anecdote, il est à noter que cette entreprise obtient également la construction des stations météo-radio d'Abbeville et de Beauvais, copies conformes de celle de Romilly. Démarrée au début de 1924, la construction du pavillon est terminée l'année suivante. A proximité, on installe une tour anémométrique de quinze mètres de hauteur ainsi qu'un "abri à tubes" pour le stockage des bouteilles d'hydrogène8 Station météo-radio de Romilly-sur-Seine à la fin des années trente. Le poste météo Le personnel est composé de trois météorologistes aidés de trois militaires observateurs-auxiliaires effectuant leur service militaire. La plupart du temps, ces derniers sont de jeunes enseignants (instituteurs ou professeurs) et arrivent à Romilly après une formation d'environ quatre mois et demi dispensée au fort de Saint-Cyr9 . Disons-le, pour les appelés du contingent, effectuer son service militaire dans la météorologie, c'est la bonne planque. A Romilly, ils logent dans la station (à l'étage) et non à la caserne, prennent leurs repas sur place et non à l'ordinaire troupe. Pas d'adjudant de discipline, pas de garde, peu de corvées mais des permissions régulières. Par contre, ils sont soumis aux mêmes contraintes que le personnel civil à savoir assurer un service 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. A cette époque, les prévisions n'en sont qu'à leurs balbutiements puisqu'elles n'excèdent pas 24 heures. Le travail se résume à l'observation avec des relevés en général effectués toutes les trois heures (températures, pression atmosphérique, hygrométrie, nébulosité, direction et vitesse du vent, pluviométrie, ensoleillement, etc), puis leur transmission par téléphone à l'organisme centralisateur après les avoir chiffrées, à l'émission des avis de grains ou de tempêtes, aux protections météos pour les vols des pilotes militaires et sans oublier les fameux "pilots", sondages aérologiques10 permettant de déterminer la vitesse et la direction des vents en altitude. Toutes ces données journalières sont transcrites à partir de 1923 dans un compte-rendu quotidien (CRQ), source essentielle pour l'étude de la climatologie à l'échelle locale. Parc à instruments de la station météorologique vers 1938
Le poste radio La mission des stations radio (TSF) dans la navigation aérienne consiste à communiquer en morse aux aéronefs des informations telles que des renseignements météorologiques ou leurs positions à l'aide de relèvements goniométriques (triangulation effectuée avec le concours de deux autres stations).
Le phare aéronautique Fin 1926, le service de la Navigation aérienne installe un phare aéronautique de repérage (encore appelé phare de rappel) sur l'aérodrome de Romilly. A la différence des phares de jalonnement qui balisent les routes aériennes, les phares de repérage permettent de signaler et d'identifier un aérodrome, de se guider vers lui ou bien de se situer par rapport à la route à suivre. D'une conception proche des phares maritimes, les phares de repérage émettent un signal lumineux en morse, généralement une lettre de l'alphabet. Son faisceau s'étend de l'horizon au zénith. Celui de Romilly est érigé dans un premier temps à proximité de la station météo-radio chargée de sa mise en œuvre. En 1932, lors des travaux de balisage électrique de l'aérodrome, le phare est déplacé près de la RN 19 en face de la caserne Marcel et René Doumer. Il fonctionne sur demande adressée auprès du chef de l'aéroport du Bourget. Voici ses caractéristiques14 : Mode d'éclairage : électrique à double foyer - Caractéristique du feu : à éclipses - Portée : 40 km - Hauteur du foyer au-dessus de l'aérodrome : 8 mètres - Indicatif : X Traversant sans dommage la Seconde Guerre mondiale, ce phare sera remis en service après la Libération malgré les progrès réalisés dans la radionavigation. La date de son démantèlement dans les années soixante n'est pas connue avec précision. En 1932, le phare aéronautique fut déplacé en bordure de la route nationale La station météorologique dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale La station météo continue normalement son activité jusqu'au 13 juin 1940, date où les troupes allemandes s'emparent en soirée de Romilly. Auparavant, dans l'après-midi, un camion venu d'Auxerre avait emporté le personnel, les archives et du matériel15 . L'exode se termine à Bagnères-de-Bigorre où sont rassemblés les personnels de l'ONM. Le lendemain 14 juin 1940, la Luftwaffe investit la base aérienne. Si la nécessité de disposer, à leur tour, d'un poste météo s'impose comme une évidence, les occupants allemands préfèrent l'installer dans un baraquement Fillod situé au nord de la base aérienne, dans le quartier de La Belle Idée. L'ancienne station météo va, quant à elle, connaître une toute autre destinée puisque les Allemands y logent le Platzlandwirt, service dédié à l'entretien de la plateforme aéronautique, et en profitent pour détruire la tour anémométrique. Epargnée miraculeusement par les bombardements américains, le bâtiment est toujours fidèle au poste lorsque l'heure de la retraite allemande sonne à la fin août 1944. Avant de s'enfuir, les occupants lui évitent le dynamitage mais s'acharnent tout de même à détruire systématiquement l'intérieur des locaux.
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