(1) Les escadrilles de la Ve armée stationnèrent sur ce premier aérodrome romillon durant une semaine en septembre 1914 lors de la bataille de la Marne. (2) Grand Quartier général (3) Châlons-sur-Marne à l'époque (4) L'aérodrome de Matougues avait été bombardé. (5) SHD - Dpt Air F 9420, "Mémento historique de la base aérienne de Romilly-sur-Seine" , rédigé par la B.A. 105 de Romilly-sur-Seine en 1961. La consultation des archives du grand parc aéronautique n'a malheureusement pas permis de confirmer ces renseignements. Ce que l'on sait avec certitude, c'est que l'adjudant Schauffler et le sergent Mulatier ont bien appartenu au GPAé1. (6) En fait, l'installation du grand parc aéronautique n°1 à Romilly débuta dès le mois d'avril avec l'arrivée du 1er détachement venu de Matougues, sans attendre la décision officielle du GQG. (7) Cette parcelle fait partie du terrain où fut construite la caserne dans les années vingt. Depuis 1996, elle se situe sur la commune de Romilly-sur-Seine. (8) Ces hangars démontables (dimensions : 20mx28m ou 20mx24m) étaient constitués d'une armature en bois et d'une couverture en toile. (9) Le terme "ouvriers d'aviation" désignait le personnel non-officier de l'aéronautique militaire avant la création de l'Armée de l'air.
(10) SHD - Dpt Air A 59, "Rapport technique mensuel (juillet 1918)" en date du 29 juillet 1918. (11) A cette époque souvent appelés Annamites. Ce nom désignait les habitants originaires de l'ensemble de la colonie d'Indochine et non pas des seuls habitants de l'Annam, région centrale du Vietnam. |
Ce sont les circonstances de la première guerre mondiale, et plus particulièrement la venue du grand parc aéronautique n°1 en 1918, qui furent à l'origine de la création d'un nouvel aérodrome à Romilly-sur-Seine au lieu-dit la Belle Idée. Il allait rapidement supplanter celui créé en 1914 dans le quartier du Champ-Chardon1. Ce fut également le début de l'implantation de l'aviation militaire à Romilly. Une histoire qui allait durer 71 ans. Naissance du grand parc aéronautique n°1 (GPAé1) à Matougues en 1917 Au milieu de la guerre, l'aviation militaire représentait déjà une force de près de 1500 appareils en ligne. Leurs réparations s'effectuaient sur plusieurs niveaux suivant leur importance: sur le front dans les parcs de campagne et les parcs aéronautiques d'armée mais également à l'arrière dans l'atelier de réparations d'aviation (ARA) de Saint-Cyr spécialisé dans les gros travaux. L'envoi des avions à Saint-Cyr nécessitait préalablement leur démontage puis leur mise en caisse et enfin leur transport. Toutes ces opérations occasionnaient en définitive un délai assez long avant le retour des appareils dans les escadrilles. Afin de réduire ce délai mais aussi pour soulager la charge de travail de l'ARA, l'idée germa au sein de la direction de l'aéronautique du GQG2 qu'il serait peut-être plus efficace d'effectuer ces réparations lourdes sur le front au sein d'une nouvelle structure. Les études lancées dès 1916 furent assez longues mais débouchèrent sur le concept de grand parc aéronautique (GPAé) comparable à un atelier industriel mais proche du front et dont le personnel serait militarisé. Le grand parc aéronautique n°1 (GPAé1) fut créé en mai 1917 sur le terrain d'aviation de Matougues, village situé au bord de la Marne à neuf kilomètres au nord-ouest de Châlons-en-Champagne3. Le capitaine Couret, qui avait participé à la genèse du projet, en prit le commandement. Dans l'idée des concepteurs, le GPAé1 devait être suivi de plusieurs autres, en fait il n'en fut rien, le retour d'expérience des premiers mois de fonctionnement aboutissant à l'abandon de certaines activités. Ainsi l'atelier du matériel roulant (autos, camions, etc) s'avéra superflu et fut supprimé en octobre 1917. Quant aux avions, on s'aperçut que des équipes renforcées et mobiles de réparation auraient très bien pu suffire dans un certain nombre de cas. Enfin, le GPAé immobilisait des spécialistes assez rares que l'on aurait bien du mal à trouver pour constituer d'autres grands parcs. Le grand parc aéronautique n°1 resta donc le seul et unique.
Le transfert du GPAé1 à Romilly-sur-Seine Début 1918, pressentant une reprise de l'offensive des troupes du Kaiser au printemps, le GQG réfléchit au déplacement vers l'arrière du grand parc aéronautique situé trop près de la ligne de front4. D'autres inconvénients militaient également en faveur de son repli, comme la nécessité de libérer le terrain afin d'accueillir des escadrilles, l'éloignement de la voie ferrée Paris - Châlons, l'installation défectueuse des ateliers voire le manque d'eau. Une équipe composée du lieutenant Dupuis, de l'adjudant mécanicien Schauffler et du sergent Mulatier fut chargée de prospecter différents sites grâce à des reconnaissances aériennes à bord d'un bimoteur Letord5. Elle recherchait un endroit suffisamment plat à proximité d'une voie ferrée et d'une grande route. Elle jeta en définitive son dévolu sur un terrain situé entre la sortie est de Romilly (à environ 3 km du centre ville) et le hameau des Granges (commune de Maizières-la-Grande-Paroisse), au lieu-dit la Belle Idée, où existait une ferme en bordure nord de la RN 19. Le terrain au sud de la route était remarquablement plat et vaste, dégagé de tout obstacle, uniquement voué à la culture. Les deux axes de communication (la RN 19 Paris - Belfort et la voie ferrée Paris - Mulhouse) permettaient une liaison rapide vers Paris. En outre, Romilly était relié par la voie ferrée Romilly - Sézanne à la gare régulatrice stratégique de Connantre, et de là à Matougues via Châlons. La proximité dans la région romillonne d'une chefferie de génie à Maizières, d'une station magasin à Châtres, du centre d'instruction pour l'aviation de combat et de bombardement (CIACB) à la Perthe, du centre d'instruction de DCA à Pont-sur-Seine et d'un aérodrome à Pars-lès-Romilly ne pouvait que faciliter l'installation du GPAé. La proposition de l'équipe de prospection ainsi que le projet d'installation établi par le capitaine Couret furent finalement approuvés par le GQG qui, le 14 mai 1918, donnait l'ordre de transférer le GPAé1 de Matougues à Romilly-sur-Seine6. Les procédures de réquisitions des terrains et de la ferme de la Belle-Idée furent lancées, puis très rapidement les travaux démarrèrent avec l'aide d'une centaine de prisonniers allemands. Si sa construction devait s'étaler sur trois mois, le grand parc commença cependant de fonctionner à Romilly dès le début du mois de juin 1918.
Les installations du GPAé1 à Romilly Environ 78 hectares de terres agricoles furent réquisitionnés essentiellement sur la commune de Romilly (75 ha). Les baraques Adrian du casernement, les bureaux de l'état-major, le garage, les ateliers et magasins ainsi que l'embranchement ferroviaire furent installés sur les terrains situés entre la voie ferrée et la route nationale. Cette zone débordait légèrement sur Maizières pour environ deux hectares et demi 7. Le corps de ferme fut conservé et intégré dans les installations. L'aérodrome fut installé en bordure sud de la route dans un carré approximatif de 800 mètres de côtés avec comme limite est, le chemin séparant Romilly de Maizières. Sur son pourtour, on l'équipa de plusieurs dizaines de hangars Bessonneau 8.
Organisation et effectifs du GPAé1 Le GPAé1 comprenait un état-major et la 10e compagnie d'ouvriers d'aviation (10e COA)9, cette dernière étant composée de trois sections (service général, ateliers, dépanneurs). Si la seconde était numériquement la plus importante, la troisième section, spécialisée dans le dépannage des appareils, présentait pour le personnel des risques importants. Aller dépanner ou démonter un avion proche des lignes du front (voire quelquefois entre les lignes !) ne s'apparentait pas à une partie de plaisir ! Signalons enfin que le grand parc avait sous sa responsabilité des équipes mobiles de renforcement détachées auprès des escadrilles (une pour 10 escadrilles). Il faut (...) considérer que le GPAé est essentiellement un atelier et qu'il est avantageux de traiter le personnel ouvrier d'après les principes admis dans l'industrie civile"10 écrivait le capitaine Couret au mois de juillet 1918. Le grand parc aéronautique pouvait effectivement se comparer à une usine avec sa hiérarchie ouvrière (maître ouvrier, ouvrier, manœuvre, etc) et ses primes de rendement. Les contraintes de la vie militaire et de l'état de guerre venaient simplement s'y ajouter. Quelques chiffres pour apprécier le travail et le rendement réalisés dans les ateliers : durant la première quinzaine du mois de mai 1918, au moment de la décision de transférer le GPAé1 à Romilly, 26 avions sortirent des ateliers après réparations dont 22 très importantes d'une durée pouvant s'étendre de quelques jours à plusieurs semaines. 27 moteurs furent également livrés dans la même période. Le 17 mai, 11 avions et 13 moteurs étaient en cours de réparation. L'effectif théorique (hors équipes mobiles de renforcement) se montait à environ 600 personnes dont 11 officiers et 45 sous-officiers. Afin de renforcer le personnel mais aussi de libérer, dans une certaine mesure, des spécialistes nécessaires dans les unités du front, des travailleurs étrangers arrivèrent dans les premiers mois de 1918 à Matougues avant de suivre le GPAé1 à Romilly. Ce fut d'abord un détachement d'Indochinois11 (en janvier) puis, en avril, une compagnie de mécaniciens américains. On embaucha également des civils français (majoritairement féminins) venant non seulement de la région romillonne mais également des départements limitrophes. Enfin des prisonniers allemands, dont le camp se trouvait à Maizières, furent également mis à contribution.
La fin de la guerre et la transformation du grand parc aéronautique en dépôt de matériel d'aviation Cet important établissement militaire de l'aéronautique, dépendant directement du GQG, fonctionna ainsi durant près de six mois à Romilly en réparant au total plusieurs centaines d'avions et de moteurs. Mais l'armistice du 11 novembre 1918 allait bien évidemment changer la donne et faire rapidement évoluer le GPAé1. L'Etat-Major désirait maintenant utiliser ses installations comme centre de démobilisation des formations aériennes. Le 1er janvier 1919, une période transitoire de deux mois s'ouvrit. A cette date, le GPAé1 arrêta toutes réparations et ne s'occupa plus, très provisoirement, que du ravitaillement en matériel des deux grands centres aéronautiques installés à proximité, à savoir le groupe des divisions d'entraînement (GDE) dans la région de Marigny-le-Châtel et le centre d'instruction de l'aviation de combat et de bombardement (CIACB) à la Perthe. Ses effectifs furent réduits dans de notables proportions et la majeure partie de ses installations furent mises à la disposition du parc du GDE et surtout du dépôt de matériel d'aviation n°1 (DMA1), créé le 1er février 1919, en charge de la démobilisation des unités. Finalement, le 1er mars 1919, le grand parc aéronautique n°1 et sa 10e compagnie d'ouvriers d'aviation étaient dissous. Ses installations et une partie de son personnel étaient aussitôt reprises par le dépôt de matériel d'aviation n°1 qui allait poursuivre la présence de l'aviation militaire à Romilly-sur-Seine. |